samedi 1 décembre 2018

L'actualité scientifique de Jacques en novembre 2018

29.11.18. Nature 563, 7733

613-5. GÉOINGÉNIEURIIE, CLIMAT, MICROPARTICULES

Les atténuateurs de soleil Jeff Tollefson.

J'aimerai qu'on évite la géoingénieurie parce que sa mise en œuvre poserait d'immenses problèmes pour lesquels nous n'avons pas de solutions. Pourtant devant l'emballement climatique et la vraisemblable panique qui en résultera quand les gouvernements se rendront compte de la situation, on risque bien de ne pas y échapper. Je suis donc avec inquiétude les développements dans ce domaine.

Une équipe de Harvard veut commencer dès l'an prochain l'expérience SCoPEx (Stratospheric Controlled Perturbation Experiment) afin d'étudier la possibilité de réfléchir une partie du rayonnement solaire en injectant des microparticules de carbonate de calcium (CaCO3) dans la stratosphère (>20km). Il s'agit de vérifier l'hypothèse selon laquelle, pour la bagatelle de 10 milliards de $ par an, on pourrait abaisser la température globale de 1.5°. Toutefois, nous ne perdons pas de vue vue que la démarche proposée peut retenir le flux solaire au sol, mais ne fait rien pour ralentir l'augmentation du CO2, bien au contraire.



Les éruptions volcaniques l'ont montré, le climat est sensible aux microparticules dans la stratosphère. Les sulfates sont très efficaces. On les a beaucoup étudiés au temps de la mort des forêts dans les années 80. On connait aussi leur effet néfaste sur la couche d'ozone. Le carbonate de calcium est plus sympathique (on en donne volontiers une bonne cuillère pour lutter contre l'acidité gastrique), mais, dans la stratosphère, on en sait peu de choses, comme aussi de ses effets sur la couche d'ozone. SCoPEx veut éclairer toutes ces questions et chercher les conditions d'une action efficace.

Ceux qui critiquent l'expérience dénoncent une démarche visant à changer les normes sociales face aux géoingenieurie. Ils y voient une action politique plus qu'une recherche scientifique.

-630 – 1, 681-5. CLIMAT, TERTIAIRE, CHANGEMENT BRUSQUE.

Les brusques irrégularités climatiques : il y a la mer et le vent aussi. 

Nous avons de bonnes raisons de vouloir comprendre la raison des très brusques changements climatiques qui ont parsemé le climat de la dernière grande glaciation entre -10'000 et – 60'000 ans. On les appelle les évènements Dansgaard-Oeschger (DO). En quelques dizaines d'années, le climat de l'Atlantique Nord fait un énorme saut qui dure de quelques centaines à quelques milliers d'années. La figure ci-.dessous (fig. 1, p. 681), illustre cette irrégularité climatique. Seize DO y sont mis en évidence. (Notons que les prémices du changement actuellement en cours sont encore bien plus violentes.)

Le présent article étudie la relation entre les DO, localisés « chez nous » et le reste du climat mondial, ou plutôt son effet dans l'Antarctique. Les auteurs mettent en évidence deux modes de couplage. L'un est probablement induit par un changement global de la circulation océanique. Il commence à avoir de l'effet 200 ans après le début de l'évènement dans l'Atlantique Nord. Le deuxième, moins considérable, mais pratiquement immédiat, est lié au changement de la circulation atmosphérique.

Il y a 1000 fois moins d'énergie dans un m3 d'air que dans un m3 d'eau, mais cela n'empêche pas que l'atmosphère et les océans exécutent ensemble la danse du climat qu'il serait bon de comprendre.


W.B. Yeats …How can we know the dancer from the dance?

Buizert, C., Sigl, M., Severi, M., Markle, B. R., Wettstein, J. J., McConnell, J. R., . . . Steig, E. J. (2018). Abrupt ice-age shifts in southern westerly winds and Antarctic climate forced from the north. Nature, 563(7733), 681-685. doi:10.1038/s41586-018-0727-5