samedi 20 octobre 2018

Conséquence de la politique du 21ème siècle sur le climat et le niveau de la mer des 10 millénaires à venir

P.U. Clark, ... T.F.Stocker, ... G.-K. Plattner.

Quand on pense à l'échauffement climatique, on pense à nous, nos enfants, nos petits enfants même, mais comment penser beaucoup plus loin ? Paris s'est penché sur ce qu'il adviendra à la fin du siècle, mais rares sont ceux qui mettent l'échauffement climatique dans sa juste échelle temporelle. C'est le sujet de ce papier. C'est impressionnant !

La figure 1 (ci-dessous) dit presque tout. D'abord, elle montre comment les évènements actuels sont extraordinaires et brutaux. Considérons 1b. Il y a 20'000 ans, nous étions au plus fort de la dernière époque glaciaire. La température était de 4° inférieure à la température actuelle. La concentration en CO2 était de 190 ppm. 10'000 ans plus tard, la concentration en CO2 était montée à environ 270 ppm, les glaces avaient fondu, le climat était devenu tempéré. Il est à peu près resté stable jusqu'au siècle passé. L'humanité a bien profité de ce temps, qu'on appelle l'holocène, qui lui a permis de devenir sédentaire, agricole et industrielle. L'époque ne fut pas tout à fait stable quand même ; il y a eu des moments où la température a varié de jusqu'à ±0.85°. La petite époque glaciaire du 12eau 17esiècle dont les peintures de Breughel illustrent la rigueur n'était due qu'au tiers de cela. Notons que 0.85° correspond à l'élévation anthropogénique du dernier siècle – à la différence près que la variation actuelle est 10 fois plus rapide.

Qu'on le veuille ou non, le temps de combustion de gaz à effet de serre dans lequel nous nous vautrons ne durera pas. On peut jouer aux fous du CO2 encore quelques décades, mais la saillie s'arrêtera vite, soit parce que nous aurons décarboné notre civilisation par la sage politique décidée à Paris (zéro C avant 2050), soit parce que la décarbonation se fera par disparition des perturbateurs - notre civilisation ne tiendra pas 4° ou plus! Les anglophones appellent « draw down » le moment ou la concentration en CO2 recommence à diminuer. Quatre scénarios sont envisagés, le plus aimable correspond à l'objectif des 1.5° demandé par la COP21. Le plus dur est à 4 fois cette dose. L'effet estimé serait alors de 4,5°. Il est facile d'imaginer bien pire.

Si la montée de la concentration de CO2 et de la température sont très rapides, la redescente après draw down sera beaucoup plus lente. Il faut la compter en dizaines (pluriel) de milliers d'années.

Take home message : sur les graphes b et c de la figure, il n'y a que quelques années entre le cercle bleu foncé du présent et le carré rouge dénotant le moment où nous commencerons à freiner sérieusement notre folie. Eh oui, nous vivons actuellement un moment critique, quelques années de plus ou de moins déciderons de l'ampleur de la catastrophe que l'humanité devra surmonter durant les prochaines dizaines de milliers d'années !

Le problème est philosophique: que nous importent nos lointains descendants ? À mon sens, ce n'est que notre étroitesse d'esprit et notre égoïsme qui peuvent motiver notre indifférence.

Clark, P. U., Shakun, J. D., Marcott, S. A… T.F. Stocker, . . . Plattner, G.-K. (2016). Consequences of twenty-first-century policy for multi-millennial climate and sea-level change. Nature Climate Change, 6(4), 360-369. doi:10.1038/nclimate2923


Dans le même contexte et pour appuyer sur la pédale, je reprends le graphique d'un article de juin 2017 qui quantifie l'urgence de la décarbonation. Pour tenir les promesses de la COP21 à Paris, il nous reste un budget carbone de 600-Gt (800-Gt si on vise plus mollement les 2°, jugés limite du supportable). La route vers la décarbonation est courte, et chaque année de tergiversation rend la marche plus ardue.

Figueres, C., Schellnhuber, H. J., Whiteman, G., Rockstrom, J., Hobley, A., & Rahmstorf, S. (2017). Three years to safeguard our climate. Nature, 546(7660), 593-595. doi:10.1038/546593a


On le sait depuis longtemps, la situation est dramatique, mais rares sont ceux qui nous le disent droit dans les yeux et sans détour. Je ne connais rien de mieux que la déclaration récente par Aurélien Barrau, initiateur avec Juliette Binoche de l'appel des 200 dans le Monde (septembre 2018).

Il faut écouter Aurélien Barrau, il est formidable !
https://peertube.mastodon.host/videos/watch/4fa4def3-bddf-46c7-9553-8abd2923895c

CLIMAT ET HYDROSPHERE / Jacques Dubochet

jeudi 18 octobre 2018

AGIR ENSEMBLE POUR LE CLIMAT - 29 novembre à 18h15, Unil



Le climat change de plus en plus vite et pose d’innombrables défis à nos sociétés, de l’échelle locale à l’échelle mondiale. L’association Grands-parents pour le Climat, par son Comité et sa Commission scientifique, et l’Université de Lausanne, par sa Direction, ont le grand plaisir d’accueillir la Professeure Martine Rebetez, qui dressera un état des lieux des connaissances scientifiques sur les changements climatiques, et le Professeur Jacques Dubochet, qui abordera les relations entre les résultats scientifiques et nos choix de société.

La seconde partie de la soirée permettra un dialogue entre plusieurs associations de jeunes engagé-e-s pour le climat ou le développement durable, le public et les deux intervenant-e-s, ainsi qu’avec les membres de l’association Grands-parents pour le Climat. . . .

Pour lire la suite, téléchargez le   Flyer A4 


mercredi 17 octobre 2018

«Les causes de la fin du Petit Âge glaciaire au milieu du XIXe siècle»

PSI- Les causes de la fin du Petit Âge glaciaire au milieu du XIXe siècle 

Institut Paul Scherrer PSI – Villigen, 17.10.2018  

Au cours de la première moitié du XIXe siècle, une série de fortes éruptions volcaniques dans les Tropiques a provoqué temporairement un refroidissement global du climat terrestre. Le fait que, pendant la phase finale du Petit Âge glaciaire, les glaciers ont grandi avant de reculer à nouveau était un phénomène naturel. C'est ce qu'ont montré des chercheurs du PSI sur la base de carottes de glace. On pensait jusqu'ici que les émissions de suie liées à l'industrialisation au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle avaient déclenché la fonte rapide des glaciers à cette époque. Effectuée pour la première fois, l'analyse de la quantité de suie piégée dans la glace et ainsi archivée historiquement contredit aujourd'hui cette hypothèse. Les valeurs recueillies sur l'évolution temporelle des quantités de suie serviront par ailleurs aux chercheurs qui établissent des modèles climatiques pour l'avenir et qui pourront ainsi utiliser des données expérimentales sur l'influence de la suie d'origine industrielle. Les résultats de cette recherche ont été publiés aujourd'hui dans la revue spécialisée

The Cryosphere. 


Plus de détails sur le site de l’Institut Paul Scherrer <ICI>

vendredi 5 octobre 2018

«Environnement et biodiversité en milieu forestier. Les forêts riches en espèces absorbent deux fois plus de carbone, selon une étude conduite en Chine»

(ATS/AGIR) -Les forêts qui comptent de nombreuses espèces d'arbres absorbent deux fois plus de carbone que celles qui sont composées d'une seule sorte. C'est le résultat d'une étude menée en Chine qui pourrait profiter à la protection du climat. La Chine a lancé en 2009 une expérience sur l'importance de la diversité des espèces d'arbres dans les forêts. Une vingtaine d'universités et d'instituts chinois, allemands et suisses sont associés au projet près de Shangaï. C'est la plus grande expérience du genre au monde.

Dans une région montagneuse à 400 km à l'ouest de Shangaï, 500 parcelles de 670 mètres carrés chacune ont été replantées avec différentes quantités d'espèces dans chaque zone, de la monoculture jusqu'à 16 sortes, a indiqué vendredi l'Université de Zurich, qui participe à cette étude. Après huit années, les parcelles comptant 16 espèces d'arbres ont absorbé en moyenne 32 tonnes de carbone par hectare. Les zones de monoculture, en revanche, n'ont retenu en moyenne que 12 tonnes par hectare.

"Ces résultats ont une grande importance écologique et économique", souligne Bernhard Schmid, professeur à l'Université de Zurich et auteur d'un article publié dans la revue Science. Des projets de reforestation voient le jour un peu partout sur la planète, avec pour objectif la protection du climat. Contrairement à une idée reçue, la biodiversité des forêts n'empêche pas la productivité, au contraire. Si on extrapole les résultats obtenus en Chine au reste de la planète, un recul de 10% du nombre d'espèces d'arbres provoquera une perte de productivité estimée à 20 milliards de dollars par année. Ca montre bien qu'il faut éviter les monocultures dans les forêts, affirme le professeur zurichois.

Armande Reymond Journaliste RP
 

Biodiversité et puits de carbone

(ATS/AGIR) - Les forêts qui comptent de nombreuses espèces d'arbres absorbent deux fois plus de carbone que celles qui sont composées d'une seule sorte. 
C'est le résultat d'une étude menée en Chine qui pourrait profiter à la protection du climat. La Chine a lancé en 2009 une expérience sur l'importance de la diversité des espèces d'arbres dans les forêts. Une vingtaine d'universités et d'instituts chinois, allemands et suisses sont associés au projet près de Shangaï. C'est la plus grande expérience du genre au monde.

Dans une région montagneuse à 400 km à l'ouest de Shangaï, 500 parcelles de 670 mètres carrés chacune ont été replantées avec différentes quantités d'espèces dans chaque zone, de la monoculture jusqu'à 16 sortes, a indiqué vendredi l'Université de Zurich, qui participe à cette étude. Après huit années, les parcelles comptant 16 espèces d'arbres ont absorbé en moyenne 32 tonnes de carbone par hectare. Les zones de monoculture, en revanche, n'ont retenu en moyenne que 12 tonnes par hectare.

"Ces résultats ont une grande importance écologique et économique", souligne Bernhard Schmid, professeur à l'Université de Zurich et auteur d'un article publié dans la revue Science. Des projets de reforestation voient le jour un peu partout sur la planète, avec pour objectif la protection du climat. Contrairement à une idée reçue, la biodiversité des forêts n'empêche pas la productivité, au contraire. Si on extrapole les résultats obtenus en Chine au reste de la planète, un recul de 10% du nombre d'espèces d'arbres provoquera une perte de productivité estimée à 20 milliards de dollars par année. Ca montre bien qu'il faut éviter les monocultures dans les forêts, affirme le professeur zurichois.

Yuanyuan Huang, *& al., Science 05 Oct 2018:, Vol. 362, Issue 6410, pp. 80-83, DOI: 10.1126/science.aat6405

CLIMAT ET BIODIVERSITE / Armande Reymond– Journaliste RP,
document transmis par Luc Recordon