Lectures de Jacques Dubochet : 26.07.18. Nature 559, 7715
Épisode de rapide variation du niveau de la mer durant la dernière grande glaciation.
Je
peine à voir clair dans la relation entre le niveau de la mer et le
volume des calottes glaciaires. Les falaises des océans autour du monde
nous indiquent que la mer est quelquefois une 100-aine de mètres
au-dessus du niveau actuel ; on apprend aussi que le volume de glace de
l’Antarctique correspondrait à une élévation de 61m de tous les océans ;
etc. Mais tout cela n’est pas simple. D’abord, on se rappelle que la
glace flottante ou fondue ne change rien au niveau des océans ; c’est
Archimède. Ensuite, on sait que les continents flottent sur la croute
terrestre. Ils montent et descendent comme des yoyo suivant l’épaisseur
de glace qui y est accumulée. Bref, il n’est pas facile de savoir ce que
devient le niveau de la mer en un lieu particulier en fonction de
l’état de glaciation.
Le
présent article apporte quelques bonnes données. Les auteurs
déterminent la variation du niveau global de la mer en Australie, très
loin des glaces, en mesurant les profondeurs auxquelles vivaient et
mouraient les coraux à l’époque précédant la fin de la dernière grande
glaciation, c’est à dire il y a un peu plus de 20'000 ans. À cette
époque la concentration en CO2 était de 100 ppm (le quart de la valeur
actuelle) et la température était de 3 à 5 degrés plus basse
qu’aujourd’hui.
Le
résultat surprenant et que, il y a 22'000 ans, le niveau de l’océan est
descendu de 17m en 500 ans - c’est-à-dire plus de 3cm par année – avant
que ne commence la montée de la grande déglaciation. En 10'000 ans le
niveau des océans est ainsi monté de 130m environ à un rythme moyen d’un
peu plus de 1cm/an. Le niveau de l’océan s’est ensuite stabilisé
jusqu’à ce dernier siècle sous l’effet de l'échauffement climatique que
l’on connaît.
Deux choses m’impressionnent dans ce résultat.
- Il
confirme ce que l’on savait déjà : un refroidissement de 3-5° a des
effets bouleversants sur ce que la Terre offre à la vie. Le
réchauffement de 3 – 5° qui nous pend au nez aurait des effets
différents, mais, probablement, pas plus faciles à digérer.
- Quand
le climat s’emballe, le changement peut être rapide. Dans le cas
étudié, le changement du niveau de la mer a été 10 fois plus rapide que
ce qui s’amorce dans l’autre sens actuellement. Ça promet !
Whitehouse, P. (2018). Ancient ice sheet had a growth spurt. Nature, 559(7715), 487-488. doi:10.1038/d41586-018-05760-3