jeudi 26 juillet 2018

CLIMAT, GLACIATION, DERNIER MAXIMUM GLACIAIRE, NIVEAU DES OCÉANS. - 487 - 8 (commentaire), 603 - 607 (article).

Lectures de Jacques Dubochet :  26.07.18. Nature 559, 7715

Épisode de rapide variation du niveau de la mer durant la dernière grande glaciation.

Je peine à voir clair dans la relation entre le niveau de la mer et le volume des calottes glaciaires. Les falaises des océans autour du monde nous indiquent que la mer est quelquefois une 100-aine de mètres au-dessus du niveau actuel ; on apprend aussi que le volume de glace de l’Antarctique correspondrait à une élévation de 61m de tous les océans ; etc. Mais tout cela n’est pas simple. D’abord, on se rappelle que la glace flottante ou fondue ne change rien au niveau des océans ; c’est Archimède. Ensuite, on sait que les continents flottent sur la croute terrestre. Ils montent et descendent comme des yoyo suivant l’épaisseur de glace qui y est accumulée. Bref, il n’est pas facile de savoir ce que devient le niveau de la mer en un lieu particulier en fonction de l’état de glaciation. 

Le présent article apporte quelques bonnes données. Les auteurs déterminent la variation du niveau global de la mer en Australie, très loin des glaces, en mesurant les profondeurs auxquelles vivaient et mouraient les coraux à l’époque précédant la fin de la dernière grande glaciation, c’est à dire il y a un peu plus de 20'000 ans. À cette époque la concentration en CO2 était de 100 ppm (le quart de la valeur actuelle) et la température était de 3 à 5 degrés plus basse qu’aujourd’hui. 

Le résultat surprenant et que, il y a 22'000 ans, le niveau de l’océan est descendu de 17m en 500 ans - c’est-à-dire plus de 3cm par année  – avant que ne commence la montée de la grande déglaciation. En 10'000 ans le niveau des océans est ainsi monté de 130m environ à un rythme moyen d’un peu plus de 1cm/an. Le niveau de l’océan s’est ensuite stabilisé jusqu’à ce dernier siècle sous l’effet de l'échauffement climatique que l’on connaît. 

Deux choses m’impressionnent dans ce résultat. 
-          Il confirme ce que l’on savait déjà : un refroidissement de 3-5° a des effets bouleversants sur ce que la Terre offre à la vie. Le réchauffement de 3 – 5° qui nous pend au nez aurait des effets différents, mais, probablement, pas plus faciles à digérer.
-          Quand le climat s’emballe, le changement peut être rapide. Dans le cas étudié, le changement du niveau de la mer a été 10 fois plus rapide que ce qui s’amorce dans l’autre sens actuellement. Ça promet !

Whitehouse, P. (2018). Ancient ice sheet had a growth spurt. Nature, 559(7715), 487-488. doi:10.1038/d41586-018-05760-3