mercredi 1 avril 2020

L'actualité scientifique de Jacques en mars 2020

05.03.20. Nature 579, 7797

CLIMAT, ACCORD, COPENHAGEN, PARIS

25-28. 15 Commentaires par une grosse palette de spécialistes du monde entier, important pour tous ceux qui s’intéressent à la crise climatique.

Il y a 4 fois plus à faire en 3 fois moins de temps.

À l’accord de Copenhague en 2008 et à celui de Cancún en 2010, presque tous les pays du monde se mirent d’accord qu’il fallait limiter l’échauffement climatique à moins de 2°C. 73 pays – dont la Suisse - se fixèrent des buts contraignants pour 2020. En 2015 à Paris, 192 pays durcirent un peu l’objectif, fixé maintenant à « bien en dessous de 2°C ». Ils se fixèrent des objectifs contraignants, généralement pour 2030.
Le point en 2020 : la figure montre la catastrophe. L’émission globale continue de monter, plus vite même que les projections de 2010 et 2020 (+14% entre 2008 et 2018).  De plus, les progrès scientifiques montrent que les buts fixés précédemment ne sont pas assez sévères. Troisièmement, à de rares exceptions près (la Suisse n’en est pas) les pays ne tiennent pas leurs promesses, quand ils ne les réduisent pas ou s’en dédisent (USA).

Conséquemment, avec l’état des promesses de 2020 il manquera en 2030 un quart de la réduction nécessaire pour tenir les 2°C (il faudrait 3% de réduction par année) et 55% des réductions nécessaires pour 1,5° (7% par année). L’article n’en fait pas mystère, par rapport à ce qui a été fait jusqu’ici, il faudrait une révolution immédiate pour nous sortir de la crise climatique.
Le tableau est très sombre. Pas complètement noir, toutefois. Quelques régions donnent l’exemple et montrent que le chemin est possible. Par exemple, le Costa Rica, la région de Shenzhen – eh oui -, Copenhagen, peut-être la Californie, certainement pas la Suisse.

Hohne, N., den Elzen, M., Rogelj, J., Metz, B., Fransen, T., Kuramochi, T., . . . Dubash, N. K. (2020). Emissions: world has four times the work or one-third of the time. Nature, 579(7797), 25-28. doi:10.1038/d41586-020-00571-x


ÉCOLOGIE, FORÊT TROPICALE, PUIT DE C

38 – 39, 80 – 87. Un commentaire (A. Aming) et un gros article par Hubau avec plus de 100 coauteurs de presque autant d'institutions.  Pour ceux préoccupés par l’environnement.

La forêt tropicale perd sa capacité de puits de carbone.

Les arbres absorbent du CO2 de l’atmosphère pour grandir et le rejettent lorsqu’ils se décomposent. Entre ces deux phases, ils forment un stock de matière organique dans le sol. On sait que les forêts boréales développent un sol souvent riche (tourbière) tandis que les forêts tropicales, toujours à la limite de ce qu’elles peuvent tirer du sol, vivent le plus souvent sur un milieu relativement pauvre. En cela, la forêt amazonienne est souvent citée en exemple. Le bilan annuel de la fixation de COpar l’ensemble des forêts tropicales est de l’ordre de 4 GT (4x109T) ce qui correspond à peu près à la moitié de la capacité de fixation de la biosphère. Ainsi augmente au cours des ans la quantité de C stockés dans le sol est ainsi est partiellement compensé le déversement de COdans l’atmosphère par la combustion anthropique des énergies fossiles (environ 40 GT.) Le puits de carbone de la végétation est donc un équilibre délicat qu’incorporent tous les modèles de prévision climatiques. On imagine souvent que l’augmentation de la concentration de COdans l’atmosphère a tendance à favoriser la croissance végétale et ainsi, à augmenter la part incorporée dans le sol. Pour y voir claire, il faut savoir comment les arbres grandissent, comment ils meurent et ce que deviennent leurs restes.
Le présent article est une compilation et une étude statistique complexe d’une grande quantité de données remontant à 1968. La conclusion principale est que la fonction de puits de carbone des forêts tropicales s’affaiblit significativement. Pour la forêt tropicale africaine, l’effet n’est devenu significatif que récemment (2015.) Par contre, la forêt amazonienne a perdu plus de la moitié de sa fonction de puits de C depuis 1990 et la modélisation prévoit qu’elle tombera à zéro vers 2035. Les auteurs suggèrent que la cause de cette dégradation est l’élévation de la température et les sécheresses plus intenses dont l'effet est néfaste à la croissance des arbres. La diminution de la surface des forêts – comme c’est actuellement massivement le cas en Amazonie - n’est pas l’objet de cet article.
Les résultats présentés sont un facteur négatif additionnel qui doit être intégré dans les prévisions de l’échauffement climatique. Il semble toutefois que tout le monde ne soit pas d’accord avec les conclusions de cet article. À suivre.

Rammig, A. (2020). Tropical carbon sinks are saturating at different times on different continents. Nature, 579(7797), 38-39. doi:10.1038/d41586-020-00423-8
Hubau, W., Lewis, S. L., Phillips, O. L., Affum-Baffoe, K., Beeckman, H., Cuni-Sanchez, A., . . . Ojo, L. (2020). Asynchronous carbon sink saturation in African and Amazonian tropical forests. Nature, 579(7797), 80-87. doi:10.1038/s41586-020-2035-0